Start-Up de Territoire a été initié historiquement par le groupe Archer, en 2016, à Valence Romans, capitale des Start-Up de Territoire. Son objectif est de permettre aux acteurs locaux et aux citoyens de se mettre en lien lors de soirées créatives, notamment, afin de coconstruire les entreprises de demain, au sein d’un modèle économique non spéculatif, basé sur le réel: l’Economie Sociale et Solidaire.
Une ambition nationale
La dynamique Start-Up de Territoire (SUT) est présente sur 12 territoires français. Chaque territoire développe cette expérimentation de manière indépendante. Voici donc les organismes qui ont décidé de rejoindre le réseau national SUT (certains avaient déjà commencé le développement de solutions locales avant 2016, vous pouvez trouver les actualités sur leurs sites respectifs) :
[Date de création de la structure locale accompagnant les projets –> date de lancement de la dynamique SUT sur le territoire]
- 2015 –> 2016 : La Fabrique d’entreprises de Territoire pour Valence Romans (26 – Drôme)
- 2016 –> 2016 : Clus’Ter Jura pour Conliège et Lons-le-Saunier (39 – Jura)
- 2016 –> 2016 (inactif depuis 2020) : Start-up de territoire Hauts de France pour Lille (59 – Nord)
- 2017 –> 2017 : Le Labo des Partenariats pour Strasbourg (67 – Bas-Rhin)
- 1998 –> 2018 : Gaia Isère pour Grenoble (38 – Isère)
- 2015 –> 2019 : Figeacteurs pour Figeac (46 – Lot)
- 2013 –> 2019 : Innovales pour Saint-Pierre-en-Faucigny (74 – Haute-Savoie)
- 2013 –> 2019 : France Active MPA Occitanie pour Comminges (9 – Ariège)
- 2017 –> 2019 : Set Up pour Reims (51 – Marne)
- 2020 –> 2020 : Essenciel 54 pour Nancy (54 – Meurthe-et-Moselle)
- 2020 –> 2020 : Le French Impact Territoire Le Mans Sarthe pour Le Mans (72 – Sarthe)
- 2012 –> 2021 : France Active Franche-Comté pour Besançon (25 – Doubs)
Start-Up de Territoire en quelques mots
Le taux de réponse du sondage envoyé aux différents acteurs membres du réseau SUT est de 22%. Merci aux membres de Strasbourg, Besançon, Lons-le-Saunier, Figeac et Comminges d’avoir joué le jeu !
Agir ensemble pour un avenir meilleur
Avec Start-Up de Territoire fini l’indignation et place à l’action! L’initiative vise à développer des solutions durables qui répondent aux besoins des territoires AVEC les citoyens. C’est une démarche démocratique et participative pour que les citoyens se réapproprient leur pouvoir d’agir et d’entreprendre à leur petite échelle. Ainsi, des rencontres ont été organisées sur chaque territoire, afin de réfléchir, grâce à l’intelligence collective, aux projets qui pourraient prendre vie localement. Ces brainstormings géants ont permis de révéler les potentiels individuels et collectifs en laissant place à la créativité pour que chacun puisse faire remonter les besoins, les envies, les projets qu’ils souhaiteraient voir émerger dans leur quartier. Les projets doivent simplement être innovants, éthiques et responsables.
La validation finale des projets est propre à chaque territoire tout en respectant un fil rouge commun : les projets doivent être portés collectivement, ancrés localement et avoir des impacts sociétal et environnemental positifs. Ensuite, les initiateurs des projets choisis, bénéficieront d’un accompagnement et d’un réseau d’acteurs économiques et sociaux. Les porteurs de projet restent tout de même indépendants et autonomes concernant le développement de leur activité, la gestion de leur site internet et de leurs réseaux sociaux.
Ces noyaux d’entrepreneurs d’utilité sociale, constitués en associations, SCIC, SCOP, etc. partagent, via le réseau national SUT, leurs idées, leurs besoins et les bonnes pratiques. Une idée développée à Grenoble peut, par exemple, être développée à Strasbourg ou vice-versa. Un bel exemple est le réseau des Petites Cantines. Au sein même du territoire, les mises en lien entre les différentes structures se font également naturellement. C’est une synergie qui est à l’œuvre pour mettre en place un nouveau modèle économique : l’Economie Sociale et Solidaire. Les citoyens se réapproprient l’économie, dans laquelle, les profits individuels sont proscrits. C’est une économie de partage où les travailleurs sont idéalement au service du bien commun.
Start-Up de Territoire en Alsace
Mardi 19 juillet 2022, j’ai pu participer à une des réunions mensuelles de présentation de la dynamique Start-Up de Territoire à la Tour Merveilleuse du Schloessel. Claire nous a présenté les projets qui composent Start-up de Territoire Alsace au sein de ce tiers-lieu participatif et citoyen. Ensuite, les animatrices ont co-animé un atelier « Remontée des rêves ». En 2 minutes top chrono, nous devions d’abord noter sur des post-its tout ce qui nous indignait. Puis, nous avons écrit ce que l’on rêverait pour notre quartier. Enfin, nous avons listé les initiatives que nous connaissions sur le territoire qui mériteraient d’être boostées et celles d’autres régions qui mériteraient d’être implantées. Nous avons clôturé cette séance conviviale par une petite photo de groupe.
Au mois de septembre, j’ai pu participer à 3 ateliers « remontée des rêves » :
« Vivre Ensemble« , « Santé d’avenir » et « Numérique du bien commun« .
En tout, 14 thématiques ont été proposées pour identifier les défis prioritaires du territoire.
Ce fut des expériences positives et enrichissantes qui m’ont donné l’envie de faire la formation pour devenir à mon tour animatrice d’ateliers de créativité afin de booster les citoyens. Ainsi, le 22 novembre, j’ai animé un atelier de la thématique « Education », au bal des solutions, pour répondre au défi d’un projet en émergence « Comment aider les jeunes à découvrir et expérimenter leurs potentiels et leurs talents ? ». Le 9 mars, j’ai participé à la soirée d‘envol des solutions sélectionnées pour faire partie de l’incubateur social de Start-Up de Territoire Alsace. J’ai choisi d’animer l’atelier de Laurie, porteuse du projet du Labo Indigo, visant à concevoir et adapter des vêtements pour les personnes en situation de handicap.
–> EnVie de lire mon article complet sur le processus démocratique de mobilisation et de développement des projets locaux à Strasbourg? C’est par ici !
Start-Up de Territoire Alsace et la Tour Merveilleuse du Schloessel sont portées toutes les deux par l’association Le Labo des Partenariats. La Tour Merveilleuse du Schloessel, a ouvert, il y a un peu plus d’un an, en juillet 2021. Elle est située au bord d’une rivière et à proximité d’un jardin partagé, dans le quartier Koenigshoffen de Strasbourg. Elle est à la fois un café-restaurant et un lieu de co-working pour les associations bâtisseuses d’un monde meilleur. L’association Le Labo des Partenariats met ce tiers-lieu à disposition pour des ateliers, des animations, des événements, des réunions de travail, etc. Il est en constante évolution en fonction des idées des acteurs de la transition qui imaginent le monde de demain avec joie et enthousiasme.
« Le bonheur individuel se doit de produire des retombées collectives, faute de quoi, la société n’est qu’un rêve de prédateur. »
Daniel Pennac
Ce bel îlot de verdure au sein du Parc Naturel Urbain de Strasbourg permet de tisser des liens entre les habitants du quartier et d’ailleurs. L’un des objectifs est de créer un écosystème vertueux et respectueux de la nature sur le territoire. C’est pourquoi le café propose uniquement des produits issus de l’agriculture locale et biologique. Les meubles et matériaux sont récupérés pour aménager les espaces, etc.
Start-Up de Territoire en quelques chiffres
(chiffres datés du 12/09/2022)
Une centaine de projets à impact positif ont été accompagnés ou boostés en France, depuis 2016, grâce à la démarche Start-Up de Territoire :
La dynamique SUT s’est superbement bien déployée à Valence Romans, suivi par Strasbourg et Nancy.
L’initiative SUT a eu moins de succès à Lille, Lons-le-Saunier, St-Pierre en Faucigny, Besançon, Comminges, Figeac et Le Mans. Pour les cinq derniers territoires, la démarche est récente, il faut peut-être laisser un peu de temps pour que la mayonnaise prenne comme on dit ^^. A titre d’exemple, Besançon accompagne 10 projets depuis quelques semaines et 4 seront de nouveau challengés lors d’un temps de remobilisation le 8 novembre prochain.
Concernant les projets propulsés à Grenoble et à Reims, je n’ai malheureusement pas réussi à obtenir des données concrètes pour mener l’analyse jusqu’au bout. Il est donc certain que le nombre de projets aboutis est sous-estimés.
A savoir, que les projets compris dans l’analyse, sont uniquement les projets SUT concrets ayant au minimum un porteur de projet identifié avec soit une structure juridique créée (association, SCIC, SCOP, SAS, SARL, etc.), soit une page ou un site internet actif.
Start-Up de Territoire est très suivie sur Facebook et également sur le réseau professionnel LinkedIn. En tout, la communauté SUT s’élèverait au minimum à 14 000 abonnés, si on prend l’hypothèse que les abonnés d’un territoire ne s’abonne pas à SUT d’un territoire où ils n’habitent pas. Valence Romans, la capitale des Start-Up de Territoire était sur le podium en termes de nombre de projets accompagnés, mais c’est Strasbourg qui est en tête en termes de nombre d’abonnés sur les réseaux sociaux principaux!
Intéressons-nous maintenant à la structure juridique des projets. Plus de la moitié des projets concernent des associations. Plus d’un quart des projets sont constitués en société à but lucratif. Les sociétés coopératives (SCIC/SCOP) représentent seulement 8% des projets développés au sein de la dynamique SUT.
Les sociétés coopératives ont été principalement créées à Valence Romans (5 SCIC et 2 SCOP). Sinon, sur presque tous les territoires, c’est le modèle associatif qui est privilégié par les porteurs de projet.
Sachez qu’une association peut très bien décider de se transformer en SCIC, à titre d’exemple. Voici un excellent article qui explique les avantages qu’offre ce statut en termes de perspectives économiques, gouvernance démocratique tout en maintenant l’esprit associatif de base. Il y a également ce tableau comparatif association/SCIC/SCOP qui peut aider à mener cette réflexion et analyser ce qui correspond le mieux à chaque situation.
Le graphique ci-dessous nous montre que le domaine de l’alimentation constitue près d’un quart des projets. Il comprend les initiatives de la graines à l’assiette (jardinage, maraîchage, épicerie, restaurants, etc.). 10% des porteurs de projet se sont intéressés au domaine du recyclage ou du réemploi des déchets (verre, compost, etc.). Nous pouvons remarquer également qu’il y a une volonté de développer les tiers-lieux pour permettre aux citoyens de faire du coworking ou de se regrouper autour de divers sujets (numérique, artistique, etc.).
J’espère que ce petit aperçu chiffré vous a plu. Il serait intéressant de suivre d’autres indicateurs comme :
- Le nombre d’emplois créés par territoire, avec pourquoi pas, une distinction entre cadre/non cadre, service civique, etc.
- Le salaire moyen de ces emplois créés par territoire par rapport au salaire médian français
- Le nombre de bénévoles nécessaires au fonctionnement des projets, etc.
Start-Up de Territoire pourrait même s’inspirer de l’association « Tous élus » pour présenter un bilan financier très complet et transparent à ses lecteurs. 😉
Les bonnes pratiques à essaimer
Lorsqu’une idée est bonne, il faut la partager. Alors voici quelques projets, bonnes pratiques ou autres éléments que j’ai apprécié qui pourraient, parfois, être repris par les autres antennes SUT (il a été quelquefois difficile de choisir une seule idée par territoire) :
- France Active MPA Occitanie (9 – Ariège) : La récupération et redistribution des invendus par l’association LA CASA
- France Active Franche-Comté (25 – Doubs) : La cartographie du territoire de Besançon. Ce visuel pourrait être utilisé pour identifier la localisation des projets, par exemple.
- La Fabrique d’entreprises de Territoire (26 – Drôme) : La SCIC « Ma bouteille s’appelle Reviens » pour le réemploi des contenants en verre.
- Gaia Isère (38 – Isère) : Le logo avec le slogan « Donnons du sens à l’économie ».
- Clus’Ter Jura (39 – Jura) : Le réemploi des bâches événementielles avec Oh la Bâche.
- Figeacteurs (46 – Lot) : La création d’un habitat intergénérationnel et inclusif L’OSTAL.
- Essenciel 54 (54 – Meurthe-et-Moselle) – Le Jour d’Après pour repenser les funérailles avec dignité et humanité tout en incluant la dimension écologique.
- Le Labo des Partenariats (67 – Bas-Rhin) : La plateforme de l’engagement SUT Alsace qui permet d’avoir une vision globale des projets locaux. Elle rassemble dans un seul PDF tous les projets et leurs besoins. Des liens permettent de nous rendre facilement sur le site de la structure qui nous intéresse.
- Le French Impact Territoire Le Mans Sarthe (72 – Sarthe) : Une école pour les enfants porteurs de troubles neurodéveloppementaux pour plus d’inclusion sociale dès le plus jeune âge.
- Innovales (74 – Haute-Savoie) : L’historique des faits marquants de l’association.
Conclusion
L’Economie Sociale et Solidaire est en pleine expansion et représente déjà 10% du PIB. Malheureusement, elle fonctionne, pour de nombreuses structures, avec la générosité de millions de bénévoles et le bon vouloir des financeurs…
Et si nous transformions toutes les entreprises générant de nombreux bénéfices aux actionnaires en sociétés coopératives ? Ne serait-ce pas là une solution pour permettre à tous de vivre dignement et d’aller vers la transition que nous devons mener collectivement ?
« Travailler ensemble pour le bénéfice de tous« . Philippe Lelong
Ces projets à forte rentabilité ne permettraient-ils pas de subventionner les petits projets du territoire en besoin de financement ? Voici quelques exemples concrets à répliquer partout en France et ailleurs :
- Finance : Finacoop, cabinet d’expertise comptable (SCIC)
- Gastronomie : Maurer Tempé, entreprise de charcuterie (SCOP)
- Immobilier : Hacoopa, création d’habitats partagés et inclusifs pour les personnes âgées (SCIC)
- Informatique : Alma, entreprise du numérique (SCOP)
- Restauration : Resto Bio pour une restauration collective bio et locale (SCIC)
- Sport : Le club de football de Bastia (SCIC)
La SCIC c’est la vie! La SCOP c’est le TOP!
Alors, prêt à oser des projets ambitieux ? Il y a en ce moment une volonté de reprendre une clinique en SCIC entre Tours et Orléans ! En 2020, François Dechy et Jérôme Saddier proposaient de créer un réseau de coopératives pour la production de médicaments essentiels sur notre propre territoire.
Si vous connaissez d’autres idées formidables ou si vous avez simplement l’envie de partager votre expérience dans le domaine de l’Economie Sociale et Solidaire, n’hésitez pas à commenter sous l’article ! Sinon, j’espère que toutes ces belles initiatives vous auront au moins inspirées et/ou motivées à vous joindre à cette belle énergie citoyenne !
Merci beaucoup pour ton article très complet !
Ça fait plaisir de voir qu’on s’intéresse à la dynamique et qu’on cherche à améliorer la vie autour de nous !
Merci d’avoir lu l’article 🙂